Une balle, une tête vide… Je sens mon esprit s’échapper de mon crâne et former sous mes yeux ce qui s’avère être mon dernier rêve. Une fumée grise chargée d’électricité s’envole vers les nuages, un mouton foudroyé, des sauterelles dansant la gigue autour de mon corps inerte… La réponse à la grande question, ici, dans cette clairière.
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Me voici spectateur de mon imagination. Je me sens comme Winston, lorsqu’il est emporté dans la rivière de slime, sauf que moi j’ai pas un beau manteau jaune.
Au gré de mon voyage, apparaît devant moi un spectacle pour le moins inhabituel. La clairière où je me trouvais a laissé place à un tableau plus pittoresque, une marre de taille maousse aux reflets acidulés, avec au dessus, des masques volant autour de grosses boules de chewing-gum, elles-mêmes flottant aléatoirement à quelques centimètres de la surface de l’eau. Tout respire le mauvais film de science fiction, aussi bien les décors que l'arrivée en fanfare du héros grotesque, une grenouille géante ! Oui, une grenouille, fonçant même à vive allure et collant des taquets aux masques pour pouvoir avaler chaque boule de chewing-gum se dressant sur son passage ! Telle une maniaque de la chique, la grenouille mâche ses récompenses sous mes yeux écarquillés, et s’amuse à en faire une énorme bulle. La gomme semble vraisemblablement être autant son vice que son moyen de transport, et la bulle son ticket vers l’espace. En effet, je vois devant moi la grenouille chevaucher sa bulle et s’élever jusque dans les hauteurs infinies, où je la suis. Au sol, plus un masque ne donne signe de vie…
La haut tout est noir et rose. L’obscurité sous acide d’une grenouille hippie, ressemble à un décors de princesse bonbon.
Une fois dans l'immensité de l'univers, la grenouille est devenue par je ne sais quel moyen, d’une taille purement hallucinante ! La dizaine de planète que j’ai en visuel paraissent comme des billes de bonne taille pour elles, d’ailleurs elle s’en sert comme telles ! D’un coup de latte, les planètes-billes se percutent entre-elles pour finir en cendres au contact du pyro-calot, une bille infiniment plus grosse que les autres, portant un manteau de feu et des Rayban. On dirait que ce petit jeu l'amuse follement, vu qu'elle rit à gorge de grenouille toute déployée, et enfourne à une vitesse folle des montagnes de chewing-gum gardées en réserve. Suite au choc, la cendre des planètes se répand dans l’espace, telle une poussière psychédélique. Le son produit par le frétillement des particules de bille rappelle les premières notes de la fièvre du samedi soir. Les milliers de couleurs issues de ce feu d’artifice spatial scintillent une dernière fois, puis disparaissent dans leur dernière robe de voyage, grise et terne.
Un cliquetis se fait entendre, comme le son d’une pièce de monnaie dans un horodateur, ou plus probablement en ce lieu, dans une machine à sous. De nouvelles planètes-billes se mettent en place, une voix genre rasta robotique se fait entendre « Same dude, try again ». La grenouille reprend une bonne bouffée de chewing-gum, et reckick le tout vers la grosse boule crooneuse. Sur ces billes semblent se trouver des milliards de masques qui regardent le spectacle, impuissants, attendant le moment où leur bille finira en poudre funky, comme celles de la partie précédente.
La grenouille continue de mâcher du chewing-gum, elle rit, elle joue, mais s’en pète le bide. De son explosion fulgurante notre monde ne retiendra que le son que cela produit : Big-Bang. Certaines billes partent en fumée au milieu des morceaux de grenouille, tandis que d'autres sont miraculeusement sauvées de leur triste sort. Les masques sont projetés, les dés sont lancés, la bouffeuse de gomme atomisée.
De nos jour, ce terrain de jeu géant est encore là, sauf que le "Dude player", lui, n’est plus. Il resterait paraît-il huit billes en jeux, peut être d'autres ailleurs qui sait, mais malheureusement, seulement une poignée de masques survivent encore sur une seule d’entre elles, et aucun ne se souviennent de cette époque. Néanmoins certains vieux récits mentionnent une infime partie de cette histoire, avec un peu de vrai mais tellement de faux. Il est par contre presque avéré que ce jour-ci, dans l’explosion, le pyro-calot ait perdu ses Rayban, et que pour pour se venger, il inventa l’effet de serre.
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Finalement c’était vrai, avant de mourir la vérité nous apparaît. Le grand mystère de l’existence dévoilé aux personnes quittant notre monde. Ca m’aurait fait chier de pas savoir ça...!